L’addiction offre un modèle de compréhension des troubles du comportement alimentaire, et l’addiction à l’alimentation (food addiction) fait l’objet d’un intérêt croissant. Cependant, l’application du modèle addictologique à l’anorexie mentale demeure controversée. Nous proposons d’examiner et de discuter la dimension addictologique de l’anorexie mentale.

Revue narrative et commentée de la littérature.

L’anorexie mentale pourrait être la conséquence de la perte de contrôle de plusieurs objets de renforcement positif : la restriction alimentaire, l’hyperactivité physique, et l’alimentation elle-même. Le craving serait moins retrouvé dans l’anorexie mentale, dans laquelle il est néanmoins rapporté. L’existence d’un craving à l’alimentation préexistant au début des troubles, ou son apparition secondairement à la restriction est actuellement discutée. Parallèlement, la question d’un craving à la restriction, sous-tendu par l’effet gratifiant du jeûne, est posée.

La prise en charge des troubles du comportement alimentaire a toute sa place au sein des filières de soins des addictions. Une approche intégrative doit être privilégiée, en particulier de l’anorexie mentale, associant d’une part la prise en charge nutritionnelle classique, et d’autre part une prise en charge addictologique. Enfin, une évaluation rigoureuse chez les personnes présentant un trouble du comportement alimentaire de la présence d’une addiction à l’alimentation, à la restriction alimentaire et à l’activité physique, comprenant une évaluation systématique du craving, serait à systématiser.

Addiction offers a framework for the understanding of eating disorders, particularly those characterized by hyperphagia, with growing interest in food addiction. However, the application of the addiction model to anorexia nervosa remains more controversial. In this commented narrative review, we examine and discuss the addictive features of anorexia nervosa.

Commented narrative review of the literature.

Anorexia nervosa could be the consequence of the loss of control of several objects of positive reinforcement: food restriction, physical hyperactivity, and food itself. Craving has been little studied in the field of eating disorders. When investigated, studies mainly focus on food cravings and tend to highlight food cravings that are inversely correlated with the restrictive nature of the disorder. This would thus be less found in anorexia nervosa, in which it is nevertheless reported. The existence of a pre-existing food craving, or its appearance secondary to food restriction, is currently under discussion. In the meantime, the question of a craving for food restriction, underpinned by the gratifying effect of fasting, is raised.

The management of eating disorders has its place within the addiction care sectors. An integrative approach should be favored, for anorexia nervosa, combining, on the one hand, classic nutritional care, and, on the other hand, care within the framework of addiction treatment. Finally, in people with an eating disorder, the search for an addiction to food, food restriction and physical activity, including a systematic assessment of craving, should be systematized.